Restauration rapide : une histoire à manger debout ?
Le robot de service Plato, en participant au développement du service à table, pourrait aider les enseignes de restauration rapide à garder le lien avec leurs clients et attirer de nouveaux consommateurs.
La France est pleine de contradictions et, en matière de bouche, on peut penser qu’elle s’en nourrit. Dans le pays de Vatel et d’Escoffier, qui a vu le « repas gastronomique des Français » classé patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2010, plus de la moitié du chiffre d'affaires (55 %) de la restauration est désormais réalisé par la rapide (source : Gira Conseil de septembre 2023). En une quinzaine d'années, la restauration traditionnelle a ainsi perdu 15 points. Une autre étude le confirme : la fréquentation des fast-foods comme leur ticket moyen ont progressé de 6 % cette année en comparaison avec 2022 (de janvier à juillet), avec un pic de 8 % à l’heure du déjeuner (source : Circana).
Garder le lien
Mais le modèle serait en train d’évoluer. « Avant le confinement, les repas étaient pris sur place à 58 %, la livraison représentait 15 % et la vente à emporter (VAE) 27 %. En mai 2022, le sur place ne pèse plus que 42 % tandis que les parts de la livraison et de la VAE sont montées à respectivement 22 et 36 % » décrypte dans Zepros François Blouin, dirigeant fondateur de Food Service Vision.
De quoi sonner le glas du repas assis dans ces établissements ? Certainement pas. Tout d’abord parce que voir ses clients délaisser la salle, au profit du drive notamment, c’est « perdre le contact » constate l’analyste. Un risque que les grandes chaînes ont bien perçu, elles qui proposent depuis plusieurs années déjà le service... à table. Dès 2012, le géant américain Mac Donald généralisait ce service à près de la moitié de ses enseignes françaises et il s’est encore étendu depuis. L’idée ? Proposer un accueil plus personnalisé et ne pas effrayer les familles avec des temps d’attente trop longs au comptoir. Une pratique qui permet aussi d’augmenter la facture moyenne.
Ensuite parce que, dans le contexte inflationniste et de perte de pouvoir d'achat actuel, les Français modifient leurs manières de consommer. Lors de l’enquête réalisée en mai 2023, 60 % des répondants affirmaient qu’ils se permettent toujours de consommer en RHD mais qu’ils ont dû changer leurs habitudes, en se tournant notamment vers la rapide. Or, si cette nouvelle clientèle cherche du moins cher, elle privilégie l’expérience qui se rapproche le plus de la restauration à table.
Une évolution qui n’a pas échappé au leader européen de la robotique United Robotics Group. Le groupe allemand compte dans son écurie Plato, le Cobiot tricolore pensé pour aider les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie. « Nous pensons que notre robot peut s’insérer dans le processus et aider les enseignes à apporter ce service supplémentaire » affirme Anis Ben Mahmoud, directeur commercial chez URG. Aux États-Unis, la chaîne Mecatos Bakery & Cafe, plusieurs dizaines d’enseignes qui servent tout au long de la journée des boissons caféinées mais aussi des sandwichs et des pâtisseries, utilisent déjà le robot de service dont les trois plateaux peuvent porter jusqu’à 30 kilos au total.
Plato pourrait ainsi aider les clients pressés à manger sur le pouce mais les pieds sous la table !