[Top 100] E. Dumont : « Nous poursuivons notre croissance dans toutes nos activités »

Jean Charles Schamberger
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Entretien avec... Eric Dumont, président du directoire de Groupe Pomona.

STRATÉGIE

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Quel bilan dressez-vous de votre exercice 2017-2018 ?
Nous avons réalisé un très bon exercice, lequel, rappelons-le, s’est terminé en septembre 2018, avec plus de 5 % de croissance sur l’ensemble du Groupe et avec une progression dans toutes nos activités. Nous enregistrons une forte poussée en restauration commerciale avec de la croissance à deux chiffres. La restauration collective, quant à elle, effectue un exercice honorable à + 3 %. En ce qui concerne l’exercice en cours, 2018-2019, qui a démarré début octobre dernier, les six premiers mois d’activité sont tout à fait conformes à nos prévisions. Nous poursuivons notre croissance dans toutes nos activités.
Ressentez-vous un effet du mouvement des Gilets jaunes ?Il faut distinguer deux choses : la vision immédiate et l’impact à moyen terme. Il est évident que le mois de décembre a été pénalisé, mais les mois de janvier-février-mars sont revenus à des rythmes normaux d’activité, sauf évidemment dans des endroits bien précis tels que les Champs-Élysées, le centre-ville de Bordeaux ou le centre-ville de Toulouse, où certains restaurants et commerces ont fermé pendant 15 samedis consécutifs ! Ce sont des pertes nettes de chiffre d’affaires pour ces établissements et donc pour leurs fournisseurs.Concernant l’analyse à moyen terme, c’est plus difficile à mesurer pour l’instant, car nous ne savons pas quel est l’impact sur l’image touristique de la France : cela fait-il baisser les réservations  ? Les visiteurs étrangers arbitrent-ils dans leur choix de destination entre Rome, Paris, Berlin, Londres et Barcelone ?

Pouvez-vous revenir sur le détail de vos chiffres ?Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 3,946 Md€ dont 3,215  Md€ en restauration hors domicile. Dans le détail des branches, PassionFroid réalise 1,670 Md€, TerreAzur 930 M€, EpiSaveurs 580 M€, Relais d’Or 340 M€, Délice & Création 115  M€, Saveurs d’Antoine 140  M€, la Suisse 125 M€ ; et l’Espagne 60 M€ en raison de la croissance externe réalisée en décembre 2017.

Avez-vous réalisé d’autres opérations de croissance externe ?Pas sur le dernier exercice. En revanche, nous avons démarré cette année avec deux belles opérations. D’une part, sur le réseau Délice & Création qui s’étoffe avec la société Prodélices, située en Rhône-Alpes, à Saint-Étienne. D’autre part, sur le réseau Saveurs d’Antoine avec l’acquisition de Sodibek à Tarbes. Nous poursuivons notre développement par acquisitions de PME régionales pour densifier ces deux réseaux.
La croissance sur la restauration collective compense-t-elle le désengagement de la branche Relais d’Or sur ce marché ? La Branche Relais d’Or ne se dé-sengage nullement de la restauration collective. En revanche, elle subit la concentration des opérateurs dans ce métier, que ce soit les SDR ou les marchés publics. De fait, cela exclut progressivement Relais d’Or d’un certain nombre d’établissements.

Comment se développe l’épicerie chez Relais d’Or ?L’épicerie chez Relais d’Or est un « produit service », complémentaire aux surgelés et aux produits frais. C’est une gamme relativement courte, de 400 à 500 références, nous ne sommes pas sur les mêmes volumes qu’EpiSaveurs, qui compte jusqu’à 8 500 références dans ses entrepôts. Relais d’Or ne servira qu’un certain nombre d’unités de besoin avec, à chaque fois, une ou deux références. La gamme est constituée et en cours de déploiement.

Vous avez créé, il y a un an, une direction du développement, du marketing stratégique et de l’innovation. Quels sont les résultats côté innovation ?Ce poste développement-innovation a un rôle de veille sur les tendances dans la restauration et s’intéresse aux innovations que nous pouvons apporter aux clients, que ce soit dans le domaine du digital ou ailleurs. En un an, aucune innovation à proprement parler n’est apparue, mais nous avons travaillé sur un certain nombre de sujets qui portent déjà ou qui porteront bientôt leurs fruits. Nous avons notamment bien avancé dans deux domaines. D’abord, sur la vente en ligne chez PassionFroid et EpiSaveurs, où nous sommes en train de franchir des seuils de chiffres d’affaires importants, avec une augmentation du panier moyen et du nombre de clients réguliers. Ensuite, dans la digitalisation de nos relations avec les fournisseurs. Nous avons déployé chez EpiSaveurs un Product Management Information System qui permet d’être en lien direct avec les systèmes d’informations des fournisseurs pour récupérer toutes les informations sur les produits, les recettes, les allergènes, etc. que nous pouvons ensuite transmettre à nos clients, avec des mises à jour automatiques.

Comment envisagez-vous le développement du marché ?Je suis un peu déçu par la vigueur du marché de la RHD en France qui progresse faiblement (de 1 à 2  % selon les sources). Dans ce marché qui croît peu, on constate une évolution des attentes et des exigences des clients. En restauration collective, les enjeux des entreprises, du scolaire, des hôpitaux, des maisons de retraite n’ont rien à voir entre eux. Et, en restauration commerciale, la restauration gastronomique, la bistronomie, le fast-food n’ont rien à voir. Et à l’intérieur même de ces segments, les consommateurs ne veulent pas tous manger la même chose non plus. Sans oublier un aspect économique qui reste prégnant, notamment en restauration collective. La conséquence pour notre métier, c’est le challenge de la segmentation des clients et donc des gammes. Cela rend très important le rôle du grossiste, dont une des valeurs ajoutées est de sélectionner. C’est beaucoup plus complexe – et passionnant – qu’il y a vingt ans. En bio, par exemple, il faut que nous trouvions les produits pour lesquels le prix n’est pas trop élevé. C’est ainsi que nous aiderons les restaurateurs à remplir leurs exigences. Avec notre organisation en réseaux, nos experts produits, la sursegmentation de nos gammes par entrepôt, notre groupe est très bien armé pour répondre à ces enjeux.
Propos recueillis par Jean-Charles Schamberger

RSE

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Un rapport audité et 4 axes de travail formalisés
Le Groupe Pomona a formalisé sa politique RSE dans un rapport audité. « Notre métier nous place à la croisée d’enjeux sociétaux et environnementaux autour de l’alimentation, des services, de l’emploi et des territoires, enjeux auxquels nous devons répondre », indique Éric Dumont. Quatre engagements ont ainsi été fixés et seront détaillés prochainement dans des communications du Groupe : 1-Développer et promouvoir l’accès à une alimentation meilleure et responsable ; 2-Accompagner les clients avec des services écoresponsables et innovants ; 3-Favoriser l’engagement des équipes; 4-Contribuer à l’activité économique et au développement local des territoires.
Article extrait de Zepros Métiers Distributeurs RHD 6.Pour consulter l'ensemble des articles et interviews, rejoignez le club Top 100 Distributeurs de la RHD.
Jean Charles Schamberger
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