[Top 100] Éric Dumont : « Nous sommes confiants dans notre capacité à rebondir »

Jean Charles Schamberger
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Éric Dumont. © Peter Allan

Entretien avec Éric Dumont, président du directoire du Groupe Pomona. Propos recueillis le 9 juillet.

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Quel bilan économique faites-vous après presque dix-huit mois de crise pour le groupe ?

Nous avons clôturé notre exercice 2019-2020 avec un net recul de notre chiffre d’affaires et de notre résultat net. L’ensemble de nos activités de distribution auprès de la RHD a subi une forte baisse d’activité, aussi bien en France qu’à l’étranger. Nous avons résisté grâce à la combinaison d’une bonne gestion à tous les niveaux et à l’utilisation des aides gouvernementales, en particulier le dispositif d’activité partielle. Malgré ces dix-huit mois difficiles, nous sommes confiants dans l’avenir et dans notre capacité à rebondir. Notre groupe est solide, avec une situation financière saine et un actionnariat familial qui continue à nous accorder sa confiance et son soutien.

Et pour ses différentes branches ?

L’impact de la crise varie selon les segments de clientèle. En RHD, les conséquences sont extrêmement fortes en restauration commerciale, puisque les établissements sont restés fermés pendant de nombreux mois, et un peu moins fortes en restauration collective. L’impact est ainsi colossal pour Relais d’Or ; nos branches PassionFroid et EpiSaveurs souffrent beaucoup également. À l’inverse, nos activités de distribution pour le commerce de proximité et la GMS sont en développement. L’impact est donc plus limité chez TerreAzur, alors que nos branches Délice & Création (boulangerie-pâtisserie) et Saveurs d’Antoine (boucherie-charcuterie-traiteur) sont toutes les deux en croissance.

Comment se déroule la reprise depuis le 19 mai ?

Nous constatons une vraie dynamique de reprise positive en restauration commerciale, tant au niveau de nos clients que de leurs convives. Le redémarrage est même meilleur que ce que nous avions imaginé, notamment dans les régions où la météo est la plus clémente et le soleil au rendez-vous. Les Français profitent de leur liberté retrouvée et se font plaisir, c’est très encourageant pour la saison estivale que nous espérons encore meilleure qu’en 2020. En ce qui concerne la restauration collective, le télétravail est toujours très présent et continue à peser sur le segment de la restauration d’entreprise.

Quelles projections faites-vous pour votre exercice 2020-2021 qui se termine le 30 septembre ?

Cette année encore, notre résultat ne sera pas « normal » ; il restera positif, mais les sept mois de fermeture des restaurants nous font anticiper un résultat qui devrait être inférieur à celui de 2020.

Vous venez d’annoncer l’acquisition de DGF. Comment cela s’articulera-t-il au sein du groupe et quels développements/synergies allez-vous engager ?

Nous avons effectivement concrétisé cette opération de croissance externe le 30 juin et sommes ravis d’intégrer les équipes de DGF au sein du Groupe. Elles viennent renforcer notre Branche Délice & Création, dédiée aux boulangers-pâtissiers. La marque DGF s’appuie sur une longue expérience et un savoir-faire réputé pour proposer une large gamme de produits de qualité. La complémentarité de DGF et de Délice & Création va nous permettre de poursuivre une croissance solide et rentable au service des artisans boulangers-pâtissiers, chocolatiers, glaciers et traiteurs.

Quel sera l’apport de DGF pour le groupe ?

DGF réalise 200 M€ de chiffre d’affaires en rythme normal. Additionnés aux 130 M€ de Délice & Création, cela constituera le n°  2 du marché. Grâce à son maillage territorial national, DGF va aussi nous permettre d’être présents partout en France, ainsi qu’à l’étranger par sa position de leader à l’export.

L’équipe dirigeante de DGF restera-t-elle en place ?

Grégoire Guillemin, actuel directeur de Délice & Création, prend également la direction de DGF. Nous allons maintenant prendre le temps de travailler ensemble, avec les équipes de DGF, à la construction d’une nouvelle organisation commune qui nous permettra d’allier nos forces et expertises pour poursuivre notre développement. La croissance externe fait partie de l’ADN de Pomona et constitue une richesse sur laquelle nous allons continuer à capitaliser. Cette acquisition en est une belle illustration.

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Éric Dumont. © Peter Allan
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Quels enjeux se présentent au groupe pour les douze prochains mois ?

L’enjeu majeur est bien sûr de relancer toutes nos activités et de retrouver le chemin de la croissance. Cela ne saurait se faire sans la mobilisation et l’engagement de toutes nos équipes, qui ont été très éprouvées par une période d’activité partielle difficile à vivre et qu’il faut accompagner dans cette reprise. Un des enjeux de 2022 sera aussi l’entrée en vigueur de la loi Egalim au 1er janvier, qui impacte la restauration collective en imposant au moins 50 % de produits durables ou sous signe de qualité, dont au moins 20 % de produits bio ou en conversion. Nous nous y préparons depuis de nombreux mois et proposons déjà à nos clients des solutions pour leur permettre de répondre à ces nouvelles obligations.

Vos projets ont-ils été repriorisés ? Si oui, lesquels et comment ?

Contrairement à ce que nous avions fait en 2020, nous n’avons pas ralenti ou freiné les projets en cours en 2021. Il n’y a donc pas de repriorisation à effectuer. Nos équipes ont, par exemple, poursuivi un travail de fond sur nos marques propres dont une des illustrations est le lancement au printemps 2021 de la marque Bon&Engagé, porteuse de nos engagements pour le « mieux manger » : des produits toujours plus responsables, accessibles et avec du goût, pour le plaisir de tous. Nous avons également retravaillé nos sites de vente en ligne pour proposer de nouveaux services à nos clients et améliorer l’expérience utilisateurs.

Vous aviez décidé de ne pas exposer au Sirha 2021 qui devait se tenir en janvier. Son report à fin septembre vous a-t-il fait changer d’avis ?

Non, nous ne serons pas non plus au Sirha en septembre 2021. Même si la date a été repoussée, ce ne sera probablement pas un Sirha normal. Ce salon est historiquement un lieu de convivialité, destiné à rencontrer nos clients et partenaires dans un contexte chaleureux, ce qui est complètement antinomique avec les précautions que nous devons prendre aujourd’hui. Nous préférons concentrer nos forces sur la reprise d’activité, en espérant pouvoir rapidement et définitivement tourner la page de cette période « Covid ».

Lire et/ou télécharger Zepros Métiers Distributeurs RHD 12 - Juillet-Août 2021

Jean Charles Schamberger
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