Cela ne va-t-il pas accélérer la concentration du marché ?Je ne suis pas sûr. Je pense plutôt que le marché va continuer à se segmenter et se spécialiser davantage. Aujourd’hui, les réseaux qui ont été construits sont assez imposants, avec des règles de fonctionnement historiques permettant de répondre aux attentes des professionnels et des convives. Les nouveaux enjeux que nous avons cités et l’évolution des attentes des professionnels impactent le métier du distributeur. Si l’on prend l’exemple de France Frais, notre maillage de 129 plateformes dans 90 départements et notre positionnement « Tout proche de vous ! » nous placent à moins d’une heure d’un client. Cela nous donne une proximité que n’ont pas forcément nos concurrents mais ce modèle nécessite des investissements.Pour répondre aux enjeux de demain, notre modèle va continuer à anticiper des choix qui porteront sur les progrès que nous devons apporter à nos outils actuels, aux nouveaux services à mettre en œuvre et à un fonctionnement plus collaboratif avec des structures satellites ou sous-traitantes car il y a des métiers de la distribution que nous ne saurons/voulons pas faire. Il y a du travail pour tout le monde...
Encore de la croissance externe ?La croissance externe n’a de sens que si elle nourrit notre stratégie. Oui, nous continuerons à nous positionner sur des acquisitions si elles contribuent à atteindre nos objectifs. Force est de constater que les grosses opérations d’acquisitions sont déjà faites par les uns et les autres. Nous sommes davantage aujourd’hui sur des opérations de rachat « chirurgicales » visant à obtenir un savoir-faire, valoriser un maillage territorial, répondre à des expressions de besoin...
Comment se déroule le lancement du digital ?Le démarrage du digital a eu lieu en septembre 2018 dans les entreprises France Frais et officiellement au Sirha de cette année. Il se poursuit au sein des filiales. Cela représente un nouvel accès pour les clients avec France Frais. Certains le réclament car la plateforme leur apporte une source supplémentaire de souplesse et de fluidité dans leur relation avec nous.Nous regardons les réactions du marché et la façon dont les clients s’approprient cette solution qui représente aussi un outil de gestion. Il est trop tôt pour parler de bilan quantitatif mais, sur le plan qualitatif, nous constatons les bénéfices de ces nouveaux outils pour le client mais aussi pour nos équipes commerciales.
Et qu’en est-il de votre place de marché Click&Toque ?Le démarrage s’effectue en sifflet par département. Six sont couverts aujourd’hui : Nord, Pas-de-Calais, Val d’Oise, Orne, Calvados et Manche. Nous la déployons en restant fidèles à notre positionnement : « Click&Toque, le grossiste de tous les chefs ! » À la fois destinée aux chefs de tous les jours c’est-à-dire les pros mais aussi aux chefs d’un jour avec les particuliers. Nous ne venons pas sur le territoire de la grande distribution mais nous anticipons le décloisonnement des marchés et, à travers une offre produit « à part », notre objectif est d’attirer des futurs clients professionnels et de satisfaire des particuliers avec une offre différenciée du commerce de proximité.
Propos recueillis par Jean-Charles Schamberger