[Top 100] Jacques Déronzier : « La fusion opérationnelle Brake-Davigel sera achevée en juin 2022 »

Jean Charles Schamberger
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Jacques Déronzier

Entretien avec Jacques Déronzier, directeur général de Sysco France. Réalisé le 25 juin.

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Quel est le bilan économique de Sysco France après près de dix-huit mois de crise ?

Notre activité est concentrée sur le marché de la restauration hors domicile donc dépendante de l’activité de nos clients. La RHF paie un lourd tribut avec une perte d’activité de 35 % sur l’année 2020. Par conséquent, le bilan économique de Sysco France est clairement dégradé résultant d’une équation économique dont les coûts ont été supérieurs à la marge commerciale. En effet, notre métier nécessite des charges fixes importantes et nos charges dites variables n’ont pu compenser la baisse d’activité et ce, malgré les aides de l’État dont nous avons bénéficié via le chômage partiel.

Je conserve toutefois un regard très positif et optimiste. Dans cet environnement inédit et brutal, j’ai été inspiré par l’énergie remarquable de toutes les restaurations pour affronter des défis comme jamais et par leur agilité pour déployer des solutions innovantes. Par ailleurs, nos équipes, toujours proches de nos clients ont su assurer la continuité de l’approvisionnement alimentaire et adapter nos offres de produits et services. Le courage, le combat et la résilience de nos collaborateurs sont des comportements dont je suis fier.

Chaque crise est aussi une opportunité. Si celle-ci a malmené nos habitudes, favorisé l’incertitude et accéléré la complexité, elle nous aura permis de tirer des bénéfices d’une activité en demi-sommeil : nous avions un projet, celui de finaliser la fusion opérationnelle Brake-Davigel pour enfin n’être qu’un...

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Comment se déroule ce début de reprise ?

Par la position internationale de Sysco, partout où la reprise a eu lieu (États-Unis, Royaume-Uni), la consommation en restauration a été très forte. En France, malgré un calendrier progressif (jauges, couvre-feu, extérieur-intérieur) de réouverture de la restauration, nous avons constaté une demande refoulée : les consommateurs sont impatients de manger au restaurant, ce qui a intensifié cette reprise.

Dès lors, nous avions anticipé cette dynamique de reprise que nous accompagnons avec trois priorités : une présence en amont de nos forces de ventes pour aider nos clients ; assurer la disponibilité de nos stocks sur l’ensemble de l’offre grâce à nos partenaires fournisseurs ; redisposer de nos ressources logistiques. Toutefois, certains segments ont un rythme de reprise plus lent notamment ceux exposés au tourisme, à la mobilité et au télétravail…

Où en est la fusion opérationnelle Davigel-Brake au sein de Sysco France ?

Après avoir pris du retard, elle est maintenant bien engagée. Tout en gardant la même ambition, nous abordons cette fusion opérationnelle avec une nouvelle approche : pragmatique et fondée sur les enseignements du passé. Sur la base d’un pilote réussi en février 2021 (la zone Sud est fusionnée), nous allons déployer le reste de la France en trois vagues successives : le Rhône-Alpes Auvergne en octobre, l’Ouest et le Sud-Ouest en février, pour terminer par le Nord, Ile-de-France et l’Est en juin 2022. Sysco sera alors en ordre de marche avec une offre produits unique enrichie de 10 000 références (plus de frais, plus de local, plus d’épicerie et du non-alimentaire) ; une force de vente terrain et télévente unique, resectorisée et spécialisée par segment clients ; un réseau logistique unique étendu (+  40  % de capacité en m2) ; accès pour tous nos collaborateurs à des outils IT uniques (un SAP unique sur des infrastructures améliorées) et pour tous nos clients (un site e-commerce unique desktop et mobile).

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Qu’en est-il en termes d’organisation et d’ambitions ?

Tim Ørting nous a rejoints en janvier de cette année pour diriger une nouvelle « business unit » internationale regroupant toutes les sociétés du groupe opérant hors États-Unis (soit 20 % du revenu global Sysco).

Cette décision marque un virage dans la gouvernance de Sysco qui par le chemin de l’internationalisation « think global, act local » déploie une stratégie alliant les exigences internationales et les spécificités locales (tirer les bénéfices de notre taille, travailler ensemble selon la même vision en accord avec les problématiques locales). Elle marque aussi notre ambition de croissance par la conquête de parts de marché notamment en Europe et tout particulièrement en France, berceau de la gastronomie. Sur tous les marchés où opère Sysco International, notre objectif est d’accélérer notre croissance grâce à un socle culturel revisité, un business model duplicable et une stratégie reposant sur cinq piliers.

Quels sont vos enjeux des douze prochains mois ?

D'abord et avant tout, notre premier enjeu est de gagner la reprise. C'est l'élément le plus critique des mois à venir et le socle pour réaliser notre ambition. Pour cela, il nous faut nous concentrer sans relâche sur l'expérience client dans toutes ses dimensions, tant au niveau de notre service que de la qualité de nos produits et de nos prix.

Conjointement, le deuxième enjeu est de finaliser la fusion opérationnelle pour ne faire plus qu’un, fondation indispensable pour le plus grand bénéfice de nos clients (large gamme de produits de qualité, des conseils personnalisés, des commandes selon différents canaux, un service fiable et régulier, une organisation compétitive et efficiente) et de nos collaborateurs (des outils et des process simples et standardisés). Et si on se projette au-delà d’une année, il faudra adresser les enjeux de la digitalisation du parcours client, de l’élargissement de l’offre produits, de la gestion du dernier kilomètre et de la croissance externe…

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Sysco sera-t-il exposant au Sirha 2021 qui se tiendra fin septembre ?

Nous avions déjà annoncé que nous ne participerions pas à l’édition qui devait se tenir en janvier. Tout simplement parce qu’il y avait trop d’incertitudes sur les conditions sanitaires (jauge des stands, maintien des démonstrations et dégustations) pour ce gigantesque salon, lequel est très important en termes de flux de visiteurs.
Nous sommes convaincus que les clients seront peu disponibles fin septembre et auront d’autres priorités, notamment la réussite de la rentrée automnale.

Prévoyez-vous des offres particulières pour cette rentrée ?

Plus que d’offres particulières, il faut parler d’accompagnement particulier de la part de l’ensemble des équipes de Sysco France. Dans un contexte de réinitialisation de l’activité, nous avons travaillé sur un triptyque offre + proximité + service. Le premier point est l’offre avec une disponibilité quasi complète des produits dès le 19 mai. Le deuxième est la proximité avec un retour anticipé de l’ensemble des équipes commerciales terrain et télévente. Enfin, le service avec des fréquences livraisons augmentées pour gérer la saturation de la demande. Avec l’objectif d’aider au mieux nos clients à reconstituer leurs cartes et donner envie aux convives de revenir dans leurs établissements, nous les avons aussi accompagnés sur la gestion de leur trésorerie. Ils ont pu bénéficier de l’offre de reprise promotionnelle la plus percutante du marché sur plusieurs dizaines de produits.

Cette démarche a été particulièrement appréciée, et va continuer cet été puis à la rentrée, en garantissant une disponibilité produits optimale, une logistique fiable, mais aussi grâce à des nouveautés pour les mises en place des cartes automne-hiver, et des offres promotionnelles toujours fortes, que ce soit à destination de la restauration à table, de la vente à emporter, ou encore des traiteurs.

Propos recueillis par Jean-Charles Schamberger
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Jean Charles Schamberger
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