[Top 100] L. Latour : « La distribution doit se transformer face à un marché CHD en mutation »
Entretien avec... Loïc Latour, président de France Boissons.
Comment s’est déroulée l’année 2018 ?
France Boissons a réalisé un chiffre d’affaires facturé de 949 M€, soit 3 % de progression environ. 2018 a été une très bonne année pour la consommation hors domicile : la saison d’été, la climatologie, la Coupe du monde de football, la fréquentation touristique, tant à Paris qu’en province… y ont contribué.
Votre organisation et vos ventes ont-elles été affectées par le mouvement des Gilets jaunes ?
Avec 73 sites, France Boissons est une entreprise leader de la distribution qui bénéficie d’une empreinte territoriale assez conséquente. Bien sûr, certains points de vente sont encore fermés et nous ne pouvons qu’avoir de l’empathie pour les quelques clients qui ont été touchés. Nous sommes en contact avec eux et nous avons trouvé des solutions. Nous allons les accompagner et les aider. Ce mouvement n’a en revanche eu aucun impact sur nos résultats.
Quels sont les autres chantiers engagés ?Comme toutes les entreprises, nous nous questionnons sur les outils de force de ventes, les CRM, etc. Au-delà du conseil qui est clé, le distributeur a 3 fonctions régaliennes : acheter pour constituer les catégories, vendre et livrer. Nos initiatives touchent donc la supply chain et la logistique. Nous avons déployé des solutions Ambassadeur 2.0 et Ambassadeur 2.2 qui – via des smartphones pour les chauffeurs-livreurs – permettent de dématérialiser les documents de livraison, de prendre en photo des lieux de livraison ou des caves à risques pour que nous puissions agir, de sortir les bons de livraison et les tournées, de prévenir de clients de l’heure d’arrivée et de la géolocalisation de la livraison, etc. Nos chauffeurs-livreurs ainsi que nos techniciens ont bien adopté ces nouveaux outils.
Comment faites-vous face aux difficultés de recrutement des chauffeurs ?Trouver des chauffeurs-livreurs est un enjeu pour la profession. En tant qu’entreprise responsable et humaine, nous y accordons beaucoup d’attention pour les garder et les fidéliser, nous veillons à améliorer les conditions de travail. Par exemple, nos nouveaux camions sont équipés avec des portes élévatrices et déchargent à quai, les chauffeurs-livreurs disposent de chariots électriques ou encore de portiques à fûts. Par ailleurs, nous évaluons les difficultés inhérentes aux livraisons en cave afin de trouver des solutions pour nos chauffeurs-livreurs mais aussi pour le personnel de nos clients.
Qu’en est-il concernant la RSE ?Nous sommes entrés dans une démarche de certification des plateformes. Nos 14 plateformes ont désormais le label Ecocert FNB de notre profession, qui certifie que nous sommes très avancés sur les questions de consommations d’énergie, de travail sur la pénibilité, etc.Nous travaillons beaucoup sur l’enjeu de l’accessibilité dans les centres-villes. Les camions que nous achetons sont tous aux normes Euro 6. Nous utilisons déjà des camions hybrides sur certaines zones, et sommes proches de nos deux constructeurs fournisseurs pour travailler avec eux sur des solutions électriques. Il s’agit de trouver des adaptations locales car aujourd’hui les réglementations ne sont décrétées que localement. L’enjeu pour notre profession dans les années à venir est celui du dernier kilomètre. Cela est bien sûr à l’agenda d’une entreprise telle que la nôtre.Propos recueillis par Jean-Charles Schamberger