Un raisonnement qu’il faut replacer dans un contexte de mondialisation : « La grande tendance, c'est le déplacement du barycentre économique d'ici à 2050. Les pays de l'E7 seront 2 fois plus gros en termes de revenus que les pays du G7. Cela veut dire que les fonctions Achats vont devoir très vite être capables de déplacer leurs bases fournisseurs et donc d'avoir une très forte agilité en termes de choix et de panel fournisseurs. Cela signifie aussi qu’il faut suivre l'inflation dans tous ces pays afin de pouvoir maîtriser sa base de coûts », explique Isabelle Carradine, directrice de la compétence achats chez PWC France. Autant de paramètres et d’évolutions que devront intégrer les distributeurs dans leurs stratégies à court et moyen termes.
Durable : la concertation fait son cheminLa logistique durable figure indéniablement au rang des priorités. D’une part, chacun y réfléchit, mène des tests et investit à son niveau, selon ses moyens et ses priorités. D’autre part, la concertation fait son chemin, d’autant plus qu’il n’existe pas de solution unique. Grossistes, réseaux, fédérations sont tous à la manœuvre : pour Creno, l’heure est au développement de « synergies positives » en matière de logistique (p. 46); pour la FNB, la démarche doit être collective et globale (p.20) – « L’adaptation de notre modèle de distribution doit être envisagée au sens large : les produits, le packaging, les outils de distribution, etc. […] C’est un travail que l’on ne peut faire en silos, il nous faut coconstruire avec notre amont, nos fournisseurs, et avec notre aval, nos clients, et que l’on partage des ambitions communes », commente Laure Bomy, directrice générale de la FNB. Quant à la CGI, elle s’immisce dans tous les groupes de travail et plus généralement partout où elle perçoit des initiatives porteuses afin d’expliquer auprès des instances les spécificités des métiers de grossistes distributeurs, défendre leurs intérêts communs et inciter à une réflexion globale. « On ne fera rien sans une démarche globale », martèle Philippe Barbier, président de la CGI.
Les chantiers ne manquent donc pas pour une profession qui doit tout à la fois se réinventer face au digital, enclencher le mode « investissements durables », expliquer son rôle économique, sociétal et environnemental, défendre ses intérêts dans un marché très concurrentiel, tout en se modernisant. L’optimisme reste néanmoins de rigueur lorsqu’on accompagne un marché en croissance tel que la consommation alimentaire hors domicile !Enfin, il n’est pas exclu que le prochain challenge des grands réseaux, à horizon cinq à dix ans, soit celui de l’international. « Compte tenu de certaines discussions que nous avons, soit avec des grands fournisseurs, soit avec des grands clients, il faut à l’avenir être a minima un acteur européen », nous confiait un grand patron du foodservice.D’ailleurs, dans le non-alimentaire cela fait déjà longtemps que l’on regarde hors de ses frontières historiques, à l’instar de l’allemand Erwin Müller Group, maison mère de Vega (p. 54), et du français E.CF, lequel a largement dépassé le cadre de l’Europe dans le développement de son internationalisation et réalise désormais 38 % de son CA hors de France. Bref, encore de belles années de croissance pour tous les opérateurs qui sauront accompagner les mutations du marché et saisir les opportunités.Jean-Charles Schamberger