Comme sur le dossier Egalim…P.B. : Tout à fait. La CGI a remporté une grande victoire dans la mesure où les conventions d’affaire sont simplifiées et que nous n’héritons plus des « habits » conçus pour contrer les GMS. Ce sont les GMS qui se sont retrouvées en tant que spécificités. Les choses se sont inversées.Hugues Pouzin : La règle est devenue l’exception et l’exception est devenue la règle. Nous étions le petit caillou dans la chaussure du législateur, parce que nous étions toujours à part.P.B. : Ces états généraux ont été l’occasion pour la CGI d’être présente partout, dans la majorité des groupes de travail. Il faut d’ailleurs, à cette occasion, remercier les entreprises du secteur – Transgourmet, Brake, Davigel, Pomona, les grossistes en fruits et légumes, etc. – qui ont accepté que des collaborateurs de différentes branches – DAF, services juridiques, service qualité… – aillent accompagner des permanents de la CGI et des fédérations.La CGI ne peut pas aller dans des réunions ministérielles, des états généraux, des préparations de loi, etc., avec ses seuls permanents et ceux des fédérations. Nous avons besoin des femmes et des hommes des entreprises concernées, et malheureusement à des niveaux de management ou de direction plutôt élevés pour avoir une vision globale des dossiers. C’est aussi grâce à cela que nous pouvons avoir une action collective qui nous permet de peser dans les débats.H.P. : Soulignons aussi que la loi Egalim a eu un fort impact sur les marchés publics. Ces derniers représentent entre 20 et 22 % du chiffre d’affaires des grossistes tous secteurs confondus. C’est pourquoi nous avons fait une table ronde sur le sujet et que nous publions l’édition 2019 des trois guides CGI sur les marchés publics.
Quelle a été votre mobilisation sur le dossier Opco ?P.B. : Les Opco, c’est tout à la fois la formation permanente, l’apprentissage, l‘alternance. C’est la réforme de la formation en France, et nous avons été énormément mobilisés, beaucoup plus que nous le pensions. Mobilisés par les choix à faire tant en termes d’outils que par les choix stratégiques pour la profession. Cela a été un dossier complexe car le rapport d’orientation qui préconisait de passer de 22 Opca à 11 Opco a été en fait un rapport fondateur et le gouvernement s’en est beaucoup plus servi qu’on ne le pensait. Notre Opca, Intergros, était trop petit pour être l’un des 11 mais déjà gros, très spécifique, fonctionnant bien et avec des frais de gestion peu élevés. Nous n’avons souhaité être « mariés » ni avec la FCD, ni avec les transporteurs, ni avec d’autres métiers avec lesquels nous n’avions pas de points communs.Or, nous avons eu la chance d’être en contact avec les métiers des services à forte intensité de main-d’œuvre – travail temporaire, hôtellerie-restauration, entreprises de propreté – qui ont exactement les mêmes problématiques que nous : ce sont des métiers de services, des gros employeurs, des gros recruteurs, de personnels parfois peu qualifiés, avec une forte irrigation du territoire, un réel maillage géographique dans tous les bassins d’emploi et des entreprises chez qui la promotion interne – et donc la formation interne – a une importance majeure. Plus nous parlions, plus nous nous découvrions des affinités, des façons de voir les choses et des valeurs communes, sur le rôle des DRH, sur les formations, sur la RSE, etc.Au final, nous avons construit un très gros Opco, de 4,5 millions de salariés, que nous sommes en train de fusionner. Hervé Becam, vice-président de l’Umih, en est le président, j’en suis le trésorier adjoint. À l’intérieur de tout cela, le commerce de gros aura sa section paritaire professionnelle, SPP. Nous sommes en phase de transition jusqu’à la fin de l’année.