Philippe Guyot (Vivalya) : « Nos deux sujets majeurs sont le transport et la proximité avec les producteurs »

À quand remonte la prise de conscience de votre groupement et de votre profession, de la nécessité d’avoir une politique de développement durable ?
Philippe Guyot : Cette prise de conscience a émergé bien avant la structuration des entreprises que nous connaissons actuellement dans notre réseau. Ce sont des entreprises familiales, multigénérationnelles, qui ont toujours été sensibles aux questions de développement durable. Grand nombre de nos coopérateurs étaient eux-mêmes, au départ, producteurs avant d’être grossistes, avec cette volonté de constamment maîtriser et connaître le produit. Quant à Vivalya, notre groupement, il est né du rapprochement de deux structures, dont Hexagro qui avait déjà une politique RSE et développement durable en place. En somme, cette prise de conscience précède la création de Vivalya. Nous n’avons que cinq ans, mais nous avons un long chemin parcouru.

Avec quels sujets avez-vous lancé votre politique de développement durable ?
P. G. : Nos deux sujets majeurs sont le transport et la proximité avec les producteurs. Nous sommes grossistes mais aussi spécialistes de la logistique du dernier kilomètre et nous oeuvrons au quotidien pour réduire l’empreinte environnementale liée au transport. D’abord, en favorisant les circuits courts car cela limite les intermédiaires et ainsi les flux logistiques. En parallèle, nos adhérents utilisent des logiciels d’optimisation des tournées ce qui permet de réduire les distances parcourues lors des livraisons ; nos équipes sont sensibilisées à l’optimisation des chargements, et nos chauffeurs suivent des formations à l’écoconduite. Ils adoptent ainsi les bons gestes afin de limiter la consommation de carburant, les nuisances sonores, l’usure des véhicules et d’augmenter la sécurité au volant.

Quelles sont vos plus belles réussites en matière de développement durable chez Vivalya ?
P. G. : Nos plus belles réussites… nous n’irons pas jusqu’à en faire un classement mais nous n’avons pas à rougir de nos actions d’amélioration continue. Tout d’abord, chez chacun des adhérents le pôle Qualité est soucieux de ces problématiques ; 100 % de nos dépôts sont certifiés bio, par exemple ! J’évoquerais aussi les actions construites avec nos partenaires et notre soutien valorisant les démarches vertueuses de l’amont à l’aval. Enfin, notre application web Lavieadugout.fr qui est un vrai atout pour notre politique de développement durable, puisqu’elle permet de trouver et de mettre en avant tous les produits locaux et de saison que nous avons en catalogue.

Nos 1 400 fournisseurs y sont présentés et nos clients peuvent y découvrir leurs produits, les commander via nos adhérents et monter avec eux des opérations de mises en avant des produits grâce à divers supports de communication. Le site a enregistré plus de 10 000 sessions entre mars 2019 et mars 2020. Grâce à cet outil : traçabilité, référencement des certifications et des labels sont répertoriés pour répondre aux besoins de transparence.

Quels sont les prochains grands chantiers de Vivalya ?
P. G. : D’abord, satisfaire aux exigences des lois sur la transition écologique et sur l’agriculture et l’alimentation. La réduction du plastique, par exemple, même si nous ne sommes pas directement concernés, il est essentiel de pouvoir accompagner nos clients. Il est aussi nécessaire de poursuivre le travail sur le gaspillage alimentaire par la valorisation des produits déclassés. On démarre sur le sujet mais les mentalités changent. Cet hiver, l’un de nos adhérents, le groupe Le Saint, a monté une opération avec l’un de ses producteurs de carottes bio et son client Sodexo. Ils ont récupéré des produits qui avaient fait l’objet d’un écart de tri, principalement pour des raisons de calibrage mais qui étaient bons à consommer, pour les transformer et les servir en restauration scolaire. Avant, ces produits auraient sans doute fini en compost. Un autre chantier nous attend, celui de la transition vers des véhicules de plus en plus respectueux de l’environnement. La quasi-totalité de nos camions sont aux normes Euro 5 ou Euro 6, mais nous voulons aller plus loin que la réglementation. Dans le réseau, nos adhérents disposent ainsi de 12 camions électriques, de 15 camions au gaz et de 8 camions hybrides. Sur une flotte de plus de 700 camions, cela peut paraître peu, mais la volonté est bel et bien là.

Qui sont vos partenaires les plus utiles dans votre politique de développement durable : collectivités locales, clients, fournisseurs, équipementiers ?
P. G. : Premièrement, ce sont nos adhérents et leur sensibilité à cette thématique, sans quoi, nous ne pourrions pas avancer. Puis, il y a nos clients, les prescripteurs qui impulsent aussi toutes ces démarches, qui demandent notre accompagnement et qui sont surtout vigilants quant à nos process. Enfin, nos partenaires qui assurent un accompagnement pédagogique et qui ont ouvert leurs portes à notre corps de métier en sensibilisant ainsi toute la chaîne à des pratiques plus vertueuses.

Qui est en charge du développement durable chez Vivalya ?
P. G. : C’est Gurvan Roux, le responsable Qualité de notre groupement. Il travaille avec l’appui de la Commission Qualité, composée de six responsables Qualité, tous issus d’entreprises adhérentes, sous la conduite du directeur d’une entreprise adhérente. Cette commission, décisionnaire, permet de mettre en commun toutes les pratiques.

Propos recueillis par Olivier Bitoun
Article extrait de Zepros Métiers Distributeurs RHD 8 " Spécial RSE"

Vivalya : premier groupement de distributeurs indépendants de fruits et légumes et de marée

• 1,3 Md€ de chiffre d’affaires cumulé en 2019
• 22 distributeurs adhérents
• 3 800 collaborateurs dans l’ensemble du groupement
• 75 dépôts en France
• Près de 50 000 clients dans l’ensemble du groupement
• 1 417 producteurs locaux (à moins de 200 km d’un dépôt) pour fournisseurs
• 750 camions en propre

Ventes de Vivalya par circuits de distribution :
• GMS : 650 M€ (50 %)
• RHF : 580 M€ (45 %)
• Autres (détaillants, marchés…) : environ 70 M€ (5 %)

Source : Vivalya

-----------------

Photo : Pour Philippe Guyot, directeur général, le développement durable est un sujet quasi naturel pour son groupement : les distributeurs adhérents étaient souvent producteurs à l’origine.