Recouvrement : la confiance inter-entreprises reste fragile

Jean Charles Schamberger
Etude Rubypayeur
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Ce n’est pas une surprise, la crise actuelle a entraîné de fortes tensions en matière de délais de paiement entre entreprises. Selon l’étude du cabinet de recouvrement Rubypayeur, établie sur la base de 4 000 entreprises françaises (toutes tailles et tous secteurs), le nombre de procédures de recouvrement explose et la défiance entre entrepreneurs est aujourd’hui 6 fois plus forte qu’avant la crise. Les régions les plus touchées par les impayés (IDF, Auvergne-Rhône-Alpes, Paca et Hauts-de-France) sont celles qui ont été le plus touchées par la crise sanitaire.

Par rapport au niveau d’activité normal (mois de février), Rubypayeur constate que le nombre de procédures de mise en recouvrement a très fortement augmenté depuis le confinement. Le pic est atteint en avril, mois durant lequel les entreprises ont multiplié par 8 le montant qu’elles ont mis en recouvrement. Depuis le déconfinement, la reprise progressive de l’activité a permis d’assainir la situation mais le volume de mise en recouvrement reste à ce jour six fois plus élevé qu’en période normale.

Durant la crise sanitaire les entreprises ont opéré une franche rétention de trésorerie en refusant de régler leur facture à leurs créanciers. Entre février et avril, on constate ainsi un écroulement du taux de succès des paiements en phase amiable (30 % vs 80 % en temps normal). Depuis la reprise d’activité, la rétention de trésorerie a nettement diminué mais elle reste tout de même à un niveau 20 % plus élevé qu’en période normale.

Jusqu’en mars 2020, les entreprises attendaient en moyenne 118 jours pour faire appel au service de recouvrement de Rubypayeur. Ce délai extrêmement important traduit à la fois un certain dilettantisme des entreprises françaises dans le recouvrement mais aussi, de manière plus positive, la confiance qu’elles s’accordent entres-elles. Dès mars 2020, ce délai a été réduit par deux, les entreprises n’attendant plus que 60 jours pour faire appel au service recouvrement. Le pic de la défiance a même été atteint durant le mois d’avril au cours duquel les entreprises lançaient des procédures de recouvrement 10 jours à peine après l’échéance de leur facture. Avec la reprise d’activité, la confiance inter-entreprises s’est améliorée mais elle reste tout de même fragile puisque le nombre de jours avant la mise en recouvrement est de 65 jours, soit deux fois moins longtemps qu’habituellement.

« Le volume des impayés le plus fort est en Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes qui sont les deux régions qui comptent le plus d’entreprises en France. En revanche, on note que les régions qui ont été les plus touchées sur le plan sanitaire sont également celles qui sont le plus touchées par la crise des impayées ! Ainsi, les Hauts de France, Le Grand Est et la région Paca sont surreprésentées par rapport à leur poids économique », constate Rubypayeur.

Les entreprises qui ont le plus de mal à honorer leurs factures sont celles qui ont le plus souffert du confinement. Ainsi les entreprises des secteurs du commerce et de l’hôtellerie-restauration représentent à elles seules un tiers des factures impayées.

Par ailleurs, deux secteurs souffrent particulièrement des impayés : le conseil et le secteur de l’informatique. Deux univers au sein desquels évoluent de nombreux indépendants et TPE qui sont aujourd’hui particulièrement fragiles en termes de trésorerie.

« Enfin, si on compare le Top 5 des créanciers et celui des débiteurs, on voit clairement que les secteurs sont quasiment identiques ce qui illustre pleinement le cercle vicieux (effet de cascade) provoqué par la crise actuelle », commente Rubypayeur.

Jean Charles Schamberger
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