Agri-Éthique renforce son ancrage en BVP en accueillant La Fournée Dorée
Plus qu'un prix, les industriels de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie (BVP) recherchent à présent une garantie de volumes. La Fournée Dorée s'engage dans cette logique de sécurisation des approvisionnements en rejoignant la démarche de commerce équitable Agri-Éthique. 100% de sa gamme incorpore désormais des farines portant le sceau du label, tandis que des engagements forts ont été pris sur les oeufs.
Il aura fallu près de deux ans à La Fournée Dorée pour voir son engagement dans une démarche d'approvisionnement responsable se concrétiser. L'entreprise familiale vendéenne, fondée en 1997, a engagé les premières discussions avec Agri-Éthique fin 2023. "Nous avons rencontré Ludovic Brindejonc (directeur général d'Agri-Éthique, ndlr) alors que nous évoluions dans un contexte difficile : la hausse des prix du blé nous avait amenés à tirer des leçons. Pour une entreprise telle que la nôtre, qui a connu une forte croissance, l'enjeu n'est plus de chercher à acheter mieux mais tout simplement de savoir si nous pourrons disposer des matières premières nécessaires à notre production", détaille Guillaume Loste, Responsable Achats Groupe chez La Fournée Dorée. Ces discussions aboutissent à la signature d'un contrat de partenariat en mai 2024. Les agriculteurs plantent alors les parcelles nécessaires, qui seront récoltées lors de la moisson 2025. "Notre objectif est de pérenniser la production dans le territoire. La volatilité est nocive pour toute la filière : dans un contexte haussier, nous sommes contraints de répercuter -partiellement !- les tarifs auprès de nos clients, ce qui élève les prix de vente consommateur. A l'inverse, lorsque le blé baisse, comme c'est le cas depuis plusieurs mois, la grande distribution nous demande immédiatement des réductions tarifaires... que nous ne pouvons pas réaliser du fait de nos engagements contractuels", défend le responsable. La destruction de valeur ainsi générée a des conséquences de long terme sur l'ensemble des acteurs.
Construire des poulaillers pour aller au delà du blé
Depuis la rentrée, 100% des produits vendus sous la marque La Fournée Dorée sont réalisés avec une farine Agri-Éthique. Le logo du label s'affiche progressivement sur les emballages, au fil du renouvellement des stocks. Un engagement fort puisque la farine est une matière première clé pour l'entreprise, étant présente dans 70% des recettes. L'entreprise n'entend pas pour autant s'arrêter là et a d'ores et déjà engagé une démarche visant à structurer des approvisionnements responsables pour les oeufs qu'elle met en oeuvre. "La Fournée Dorée utilise exclusivement des oeufs issus de poules élevées au sol depuis 2020. Cette promesse est désormais difficile à tenir, la filière oeuf étant en crise du fait des problématiques sanitaires et de la transition vers les modes d'élevage alternatifs. Il nous est devenu indispensable de nous déconnecter du marché", confie Guillaume Loste. Un contrat a été passé avec cinq agriculteurs afin de financer la construction de cinq bâtiments d'élevage. Ce partenariat, engagé sur dix ans, nécessitera 1,3 millions d'euros d'investissement par unité. 18 mois sont nécessaires pour permettre à un élevage de voir le jour, l'aboutissement du projet étant prévu pour 2027. A terme, cela devrait permettre à La Fournée Dorée de cesser de travailler avec des casseries d'oeufs, témoignant de sa proximité avec la matière première.
Le modèle équitable solide face aux tempêtes
75% de croissance en un an, pour atteindre 911 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulé sur l'ensemble des produits Agri-Éthique commercialisés par 4 000 producteurs et 41 marques. La santé de la démarche de commerce équitable "nord-nord" est insolente... et démontre la pertinence de son modèle. "2025 a été une année chahutée, entre les taxes Trump et le Mercosur permettant l'importation de produits à bas coût. Agri-Éthique sert d'amortisseur vis à vis de ces sujets politiques, autant que des problématiques climatiques ou des variations des cours observées sur les marchés", rappelle Ludovic Brindejonc. En plaçant autour d'une même table producteurs et acteurs de la première comme de la deuxième transformation, la démarche entend protéger l'ensemble des opérateurs. "Notre rôle est de garder le cap : quand un acteur vacille, nous devons être garants du modèle, tout en allant au bout des choses. Il est essentiel de demeurer intransigeants malgré les problématiques réelles, notamment sur le prix du blé", ajoute le dirigeant. Alors que les cours mondiaux du blé atteignent des niveaux particulièrement bas, ne couvrant que de façon très partielle les coûts de production, la démarche (basée justement sur les coûts de production), et sa contractualisation sur trois ans, devient très attractive. L'enjeu sera de conserver la fidélité de l'ensemble des acteurs lorsque le marché s'orientera de nouveau à la hausse.