Portage de repas : Cayres Pradelles fait le pari de l'inox !

Quatre-vingt-dix mille barquettes plastiques jetées chaque année : c'était le bilan du service de portage à domicile de la Communauté de Communes du Pays de Cayres Pradelles (CCPCP) avant 2021. Face au mécontentement croissant des bénéficiaires et aux exigences de la loi AGEC, cette collectivité de Haute-Loire a décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Résultat : un passage réussi aux contenants inox réutilisables, avec un taux de perte exceptionnel inférieur à 1 %.
Pour réussir cette transition, la CCPCP a lancé en 2021 un appel d'offres pour une étude de faisabilité complète. Confiée à Pandobac et financée par l'ADEME, cette étude s'est articulée autour de cinq phases clés : diagnostic du fonctionnement existant, benchmark des solutions disponibles, modélisation des impacts environnementaux et économiques, mise en place d'un pilote, puis déploiement à grande échelle. "Au moment du lancement, peu de fournisseurs s'étaient positionnés sur les problématiques de conditionnement réemployable pour la restauration collective", explique Karolina Cieslinska de Pandobac. "Les solutions techniques étaient encore émergentes pour le portage à domicile, ce qui a nécessité une actualisation régulière des options envisagées."

Une approche collaborative qui a rassemblé tous les acteurs de la chaîne : élus, agents de livraison, équipes de l'Ehpad Saint-Christophe de Pradelles qui préparent les repas, et surtout les 50 bénéficiaires eux-mêmes. Des comités stratégiques en présentiel et un suivi téléphonique régulier ont permis d'aligner les intérêts de chacun.
La solution retenue ? Elle combine plusieurs éléments : des barquettes inox Barketinox thermoscellées avec un film étirable, une traçabilité digitale via QR codes, et une réorganisation complète de la logistique. Sur ce territoire rural vallonné de 369 km², où les tournées atteignent 200 km pour desservir 50 personnes âgées, la logistique représentait en effet un enjeu majeur. La décision a été prise de scinder la tournée en deux et d'investir dans un nouveau véhicule.
La phase pilote s'est révélée déterminante pour affiner les modalités pratiques. À la plonge réalisée en interne, un nouveau modèle d'échelle de séchage équipée de supports adaptés aux casiers a été adopté pour réduire la manutention. Pour la traçabilité, la solution finale consiste à scanner tous les contenants d'un repas à travers des sacs plastiques transparents, minimisant ainsi le temps de scan lors des tournées.

Chaque barquette en inox a été équipée d'un QR code unitaire scanné par les agents équipés de téléphones lors de chaque envoi et réception. "La simplicité d'utilisation a permis une prise en main rapide par les équipes", souligne Célia Masson Dumonteil, référente du projet pour la CCPCP. "Les agents peuvent également signaler les problèmes rencontrés et assurer un suivi précis des tournées."
L'adhésion des bénéficiaires, exclusivement des seniors, a dépassé les attentes. Compatibles avec le micro-ondes et faciles à ouvrir, les barquettes inox ont été rapidement adoptées. "Ayant connu le système de consigne dans leur jeunesse, les seniors ont naturellement intégré les gestes du réemploi", observe l'équipe. Les contenants sont systématiquement restitués prélavés, facilitant le travail en cuisine. Les aidants familiaux et aides à domicile jouent également un rôle précieux dans la gestion des retours.

Du côté des équipes, la transition a été menée avec engagement. Si les opérations quotidiennes ont augmenté de 30 minutes à 1 heure pour la plonge et autant par tournée, les agents ont su s'adapter efficacement et faire preuve de proactivité. La durée de rotation rapide par barquette (4 jours) témoigne de la fluidité du système.
Le projet, qui ne se contente pas de répondre aux exigences réglementaires, a bénéficié du soutien financier de plusieurs partenaires : l'ADEME pour l'étude initiale, Citéo à travers son Appel à Projets Réemploi, et le Département de la Haute-Loire pour la phase de déploiement.