
Couverts et assiettes en plastique réutilisables vont-ils faire leur retour à la cantine ?

Depuis le 1er janvier, ils étaient interdits. Porté par le ministère de la Transition écologique, un projet de décret soumis à la consultation citoyenne jusqu’au 14 mars, pourrait réautoriser la vaisselle et les couverts en plastique dans les cantines scolaires. Les débats sont rouverts !
On pensait le plastique définitivement banni des cantines scolaires. Depuis le 1er janvier dernier, la loi Egalim, votée en 2018, interdisait en effet les « contenants alimentaires de cuisson, de réchauffe et de service en matière plastique dans les services de restauration collective des établissements scolaires et universitaires ainsi que des établissements d’accueil des enfants de moins de six ans. Cette interdiction s’appliquera aux collectivités territoriales de moins de 2 000 habitants au plus tard le 1er janvier 2028 » tout comme « les objets destinés à contenir des denrées alimentaires et entrant en contact avec ces mêmes denrées, qui sont utilisés pour la cuisson, la préparation, la remise en température, la présentation, le service ou la consommation des plats, y compris la vaisselle et les couverts. » Et voilà que le 28 janvier, le gouvernement a déposé, plutôt discrètement, un décret, soumis à la consultation publique jusqu’au 14 mars inclus, dont l’objectif est de supprimer de la liste des interdits, les objets qui permettent de consommer les plats. Autrement dit : la vaisselle et les couverts.
Inquiétude chez Agores
Un projet qui suscite de vives réactions du côté des citoyens comme des organisations professionnelles de la restauration collective. Plus de 10 828 contributions sur le site de consultation publique y figuraient ainsi hier soir. « C’est une blague ? Le plastique est à bannir partout où il n’est pas essentiel… ». « Le cynisme a ses limites ! ». « Non au retour des couvertes en plastique dans les cantines. C’est une aberration écologique à l’heure où la planète brûle. »
Du côté de l’association des directeurs de la restauration publique, à savoir Agores, on ne décolère pas non plus. « On est inquiets et totalement ahuris. Sans compter que nous n’avons en aucun été avertis », avoue d’emblée Maxime Cordier, président d’Agores, association qui oeuvre depuis plusieurs années à la suppression du plastique dans les cantines scolaires et à laquelle on doit deux livres blancs et guide pratique sur ce thème. Et de poursuivre, « le marché est prêt à la transition. Les industriels ont développé en collaboration avec les professionnels des solutions techniques… Le risque maintenant c’est qu’il ait un coup de frein et des levées de crayons dans certaines collectivités…».
Chez les élus, la levée de bouclier est aussi rendez-vous à l’image de Nicolas Thierry, député de Bordeaux, qui déclare « qu’il est impensable de revenir en arrière sur des avancées cruciales pour la santé de nos enfants et pour la protection de notre environnement ». Et d’ajouter, « C’est inacceptable ! C’est pourquoi je dépose une proposition de loi pour clarifier les choses et garantir que tous les plastiques soient bannis des assiettes de nos enfants. Parce que leur santé doit toujours passé avant les intérêts industriels. »
Corriger une faiblesse juridique ?
Alors qu’en est-il vraiment ? Le ministère de la Transition écologique a indiqué au Monde vouloir « corriger une faiblesse juridique » estimant les « assiettes et les couverts » comme n’étant pas des contenants alimentaires. « Nous avons préféré les retirer plutôt que de courir le risque d’une invalidation de l’interdiction de tous les contenants alimentaires. » En embuscade en effet, le secteur du plastique défend ses intérêts . Interrogé par nos confrères de France Info, Joseph Tayafeh, secrétaire général de Plastalliance, organisation qui représente le secteur en question, ne mâche pas ses mots : « On attaque un texte si on considère qu'il constitue un préjudice pour nos entreprises et surtout, s'il y a un moyen d'illégalité apparent. En l’occurrence, ce que je vois, c'est de la surtransposition et l'application d'une règle qui n'est absolument pas prévue par un texte européen." Résultat : en aucun cas cette modification ne le dissuadera pas de déposer un nouveau recours. "L'espoir est un risque apprendre", veut croire Maxime Cordier. Affaire à suivre...
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