
Quelle stratégie nationale pour l’alimentation en France ?

Garantir l'accès à une nourriture de qualité, 20% de bio à la cantine, mieux informer le public... le gouvernement a mis en consultation sa "stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le Climat » jusqu’au 4 mai. Un texte qui ne fait pas que des heureux.
Cuisson lente ! C’est ainsi que l’on peut qualifier la manière dont a été mijotée la « stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le Climat ». Il aura fallu en effet deux ans supplémentaires pour que le gouvernement dévoile sa fameuse stratégie. Recommandée par la Convention citoyenne sur le climat, le texte (54 pages) devait être élaboré au plus tard pour 1er juillet 2023. Au terme d'allers et retours ministériels, il est désormais en consultation en ligne jusqu'au 4 mai.
Son principal objectif ? Déterminer les orientations à horizon 2030 "de la politique de l'alimentation durable, moins émettrice de gaz à effet de serre, respectueuse de la santé humaine, davantage protectrice de la biodiversité, favorisant la résilience des systèmes agricoles et des systèmes alimentaires territoriaux et garante de la souveraineté alimentaire". Cette stratégie prévoit entre autres des engagements sur la qualité nutritionnelle et la durabilité dans les secteurs de la transformation, et la réduction de la pression marketing sur la population.
80 actions
Concrètement, 80 actions ont été définies, dont 15 "actions phare" qui devraient être mises en place d’ici fin 2025. Cette "stratégie marque un réel progrès vers la définition d'une politique de l'alimentation, pour tenir compte de l'ensemble des enjeux", ont souligné plusieurs dizaines d'ONG, pour qui "elle présente l'intérêt de mobiliser des leviers qui dépassent les seuls dispositifs d'information du consommateur".
"Pour autant, des mesures centrales sont absentes ou trop timorées" et "la majorité des mesures mentionnées sont de nature incitative", regrettent ces associations, parmi lesquelles le Réseau action climat, Action contre la faim, CLCV, Commerce équitable France, la Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB), le Secours catholique.
Par rapport à la version antérieure, le texte a été amputé de l'action visant à "réduire efficacement l'exposition des enfants et adolescents aux publicités pour des produits trop gras, sucrés, salés, par un renforcement à terme du cadre réglementaire", soulignent-elles. Dans la nouvelle version, il est question de "levier incitatif".
Absence d'objectifs chiffrés sur la réduction de la consommation de la viande
Ce choix "contraste avec la décision du gouvernement britannique d'interdire la publicité pour la malbouffe sur internet et à la télévision en journée à compter du 1er octobre", relèvent les ONG.
Elles pointent du doigt, par ailleurs, l'absence d'objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande, ce qui est "très problématique car seuls des objectifs chiffrés permettent de fixer une trajectoire". Pour le ministère de l'Agriculture, "l'enjeu sur la consommation de viande est de limiter les surconsommations", et cela "est bien inscrit dans la SNANC". Un objectif de réduction de la consommation de viande de 12 % hors volaille avait figuré dans une version de travail de la stratégie consultée par l'AFP, en s'appuyant sur la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), dont la version actuelle n'en fait pas mention. "La SNANC s'inscrit dans le cadre de la SNBC et des recommandations nutritionnelles, lesquelles établissent une tendance sur laquelle la SNANC est alignée", a ajouté le ministère de la Transition écologique.
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